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Notre histoire



Découvrez l’histoire de l’association Renaître à travers l’évolution de la précarité sociale et des politiques publiques.

Tous·tes les président·e·s depuis 1969
  • 1969-1973 : Marcel AUSLANDER
  • 1973-1979 : Jean MERCIER
  • 1979 : Jean TRANCHAND
  • 1979-1984 : André LAURENT
  • 1985-1988 : Barthelemy BAYON
  • 1988-2000 : André MERLEY
  • 2000-2014 : Bernard RUSSIER
  • 2014-2021 : Joëlle PERROUX
  • Depuis 2021 : Daniel IMBERT-MAGAND
Tous les directeurs depuis 1975
  • 1975-1979 : Christian NADOL
  • 1979 : M. CALMEL
  • 1979-1985 : Barthelemy BAYON
  • 1985 – Louis ACITORES
  • 1986-2004 : Abdallah AIT OUMHRAR
  • 2004-2008 : Jean-François MEUNIER
  • 2008-2011 : Walter MONNET
  • 2011-2016 : Tao VAN TAN LO
  • 2016-2021 : Philippe RAYE
  • Depuis 2021 : Jérôme LACASSAGNE

L’association Renaître, est née de la volonté d’un groupe de personnes désireuses de répondre à un problème social, en l’occurrence la préoccupation de nos fondateurs était d’apporter de l’aide aux individus dans l’errance, en particulier aux sortants de prison et vagabonds (aujourd’hui désigné sous le vocable SDF, le vagabondage étant alors encore considéré comme un délit).
Il semblerait qu’un foyer d’accueil situé rue E. Dolet avait dû mettre un terme à son activité et ce groupe se serait réuni à la demande d’un magistrat, Juge à l’Application des Peines, pour lequel la création d’une nouvelle structure d’hébergement s’imposait.

On peut penser qu’en dénommant l’association par le verbe « Renaître », dont la définition première s’entend par « naitre à nouveau », nos fondateurs ont souhaité affirmer leur croyance forte en la capacité de résilience de tout être humain.

C’est en date du 1er aout 1969 que les statuts de l’association sont enregistrés en Préfecture précisant avoir comme objet de « créer, organiser, aménager et gérer des centres d’hébergement en vue de recevoir toutes personnes en difficulté sociale ou en danger physique et moral« .

Le siège est fixé au domicile du Dr Marcel Auslander, avenue Denfert Rochereau. Ce Médecin d’origine autrichienne, avait acquis la nationalité française et exerçait avant la guerre à Saint-Bonnet-le-Château.
Interdit d’exercice en raison de sa judaïcité, il rejoindra le maquis du Forez et sera caché, par un industriel stéphanois. C’est à la fin de la guerre, qu’il semble avoir repris son activité à Saint Étienne.

Il présidera le premier Conseil d’administration de Renaître composé de différentes personnes, engagées à titre personnel ou en tant que représentantes d’associations, on citera :

  • Monsieur Chassagnot – Officier de l’Armée du Salut
  • François Meuret – Pasteur de l’église réformé de France
  • Jean Tranchand – Délégué départemental du Secours Catholique
  • Janine Theolet – Secrétaire générale du Secours Populaire
  • Marie Fabienne Tavernier – Professeur
  • Edmond Adaille – Moniteur de centre
  • Maurice Faure – Psychologue
  • René Ferret – Métallurgiste
  • Victor Perret – Métallurgiste
  • Emmanuel de Marsac – Ecclésiastique
  • Jean Mercier – Marionnettiste
  • Alice Serve – Institutrice retraitée

Dès le départ les difficultés et les obstacles sont au rendez-vous. Durant plus de deux années des contacts seront pris avec différents organismes et personnalités, dont Mr Durafour, alors maire de St-Etienne, qui avait promis son concours, pour trouver un immeuble ou un terrain pouvant convenir à la création du foyer.

Une lettre émouvante adressée par le Dr Auslander à l’un de ses vice-présidents en date du 7 décembre 1969 témoigne des difficultés à traduire la réalité du projet.
Il dit en substance « avoir cru comprendre que la municipalité de St-Etienne tenait absolument à créer un accueil pour sortants de prison et pour d’autres sans abris malheureux mais regrette que le concours de la Municipalité soit plus limité qu’il ne l’avait pensé au motif de » laisser l’association voler dès le début de ses propres ailes.

Il ajoute « mon désir de secourir des malheureux en danger est inscrit dans mon tempérament et dans mon métier qui est ma seconde nature mais il y a une impossibilité psychologique pour moi de prendre des engagements sans avoir pris toutes les mesures possibles pour pouvoir y faire face, cette impossibilité, dans laquelle je me trouve, de me lancer dans une « aventure financière, avec des fonds fournis par des banques, constitue un obstacle à l’avancement des projets de Renaître….

En janvier 1972, des négociations s’engagent avec la SONACOTRA, gestionnaire d’un foyer pour migrants dans le quartier du Soleil et qui propose de sous-louer une partie de ses locaux à Renaître.

Dans l’intervalle, Monsieur Durafour, député-maire de St-Etienne avait accordé la caution de la ville pour un emprunt bancaire de 3000 francs destiné à couvrir les premiers frais de fonctionnement et le CA a entrepris des démarches auprès de la Préfecture de la Loire et de la DDASS en vue de l’agrément du foyer et l’octroi d’un prix de journée.

C’est donc le 2 juillet 1973, soit 4 ans après le dépôt des statuts, que l’ouverture du premier lieu d’hébergement a finalement lieu. Il est composé de 24 chambres de « pensionnaires », de deux chambres de moniteurs (préfiguration des futurs éducateurs), d’un bureau de réception, d’un bloc-cuisine, d’une salle à manger et d’un bloc sanitaire.

Deux personnes sont recrutées sur la base de 1.5 ETP (Mrs Lorrente et Guichard) en tant que « moniteurs » (NB : les moniteurs-éducateurs sont instauré en 1970 par un diplôme d’état ou de personnes recrutés sur la base de leur intérêt pour l’animation, issus de mouvements de jeunesse et reconnues pour leur qualité morale).

L’objectif énoncé est « d’accueillir des hommes qui ne pourraient, sans aide, se réinsérer dans la société et retrouver leur dignité ; les suivre aussi pour prévenir les rechutes » éventuelles.

Les personnes accueillies de juillet 1973 à juillet 1974 étaient au nombre de 109.
Leurs situations antérieures sont décrites ainsi :

  • Prison : 44 pensionnaires ;
  • Hôpital : 37 pensionnaires ;
  • Vagabonds : 28 pensionnaires.


Mais en février 1974, un courrier d’appel à la générosité publique est rédigé par plusieurs représentants de l’Association confrontées à d’importantes difficultés financières. Rappelant l’origine du projet et ses objectifs, il se conclut de la façon suivante :

« Renaître s’adresse donc à vous pour que vous l’aidiez à franchir le cap difficile des premiers mois d’existence. Voulez-vous nous y aider ? Nous n’ignorons pas que vous êtes sollicités de toutes parts pour nombre de « bonnes œuvres ». Une de plus ! Oui, sans doute, et pourtant Renaître ne pouvait pas ne pas exister. Aucune œuvre analogue n’existait à Saint Étienne, portant le souci des marginaux condamnés à quémander de porte en porte ; il fallait leur donner la chance de faire un nouveau départ dans la vie. Ne serait-il pas désespérant en vérité que cette œuvre de solidarité humaine – si modeste soit-elle – avorte, faute de quelques milliers de francs. Nous comptons sur votre générosité… »


Les premières années de fonctionnement du foyer dit alors « de reclassement » s’avèrent difficiles. Le prix de journée accordé par la Préfecture tarde à rentrer, la vie quotidienne est émaillée de différents incidents, les deux premiers salariés recrutés démissionnent, un directeur est nommé

Il est procédé aussi à l’embauche de deux nouveaux « moniteurs » ainsi que d’une cuisinière. Mais la situation est fragile tant sur le plan budgétaire qu’en termes de vie quotidienne du foyer.

Un ancien éducateur de Renaître nous explique :

Autrefois à Renaître, il n’y avait pas de vision permettant de situer les choses dans un contexte social plus large. Mais il y avait des braves types qui avaient une véritable générosité. Ils étaient les témoins de ce que la société pouvait produire comme casse, et ils avaient aussi conscience qu’eux-mêmes pouvaient n’être pas passés très loin. C’était peut-être pour eux une façon d’éloigner le chat noir, mais il y avait quand même un engagement militant, dans le fait de ne pas compter ses heures, de faire des choses que rien ne (les) obligeait à faire… ils se sentaient porteurs d’une mission.

C’est en novembre 1974 que la loi étendant l’Aide Sociale d’Etat à de nouvelles catégories de bénéficiaires a introduit l’appellation de « centre d’hébergement et de réadaptation sociale » et ouvert une possibilité d’hébergement à l’ensemble des personnes connaissant de graves difficultés économiques et/ou sociales.

Et, de fait, en mai 1975 le recrutement de Christian Nadol comme « directeur » va ouvrir une nouvelle tranche de vie de Renaître. Il réorganisera l’établissement et obtiendra une revalorisation du prix de journée.

Le 30 juin 1975, l’association adresse un courrier au Préfet du département dans lequel il est fait part des « difficultés que représente la cohabitation 25 personnes, dans un même foyer n’ayant pas le même rôle et les mêmes fonctions ».
Le courrier indique également que l’association est en « pourparlers pour l’achat de l’ancien foyer Jean XXIII situé 17 rue Ferdinand », et sollicite la « revalorisation du prix de journée afin de recruter un personnel adapté et efficace ».

En juin 1977, au nom du Préfet, le Directeur Départemental de l’Action Sanitaire et Sociale adresse à Renaître un arrêté portant promesse de subvention d’un montant de 477 000 Francs indiquant en substance que « cette aide financière, avec celle que vous avez sollicité des organismes sociaux, les emprunts prévus au Plan de financement et votre autofinancement en ressources propres doivent permettre d’envisager une réalisation rapide de votre projet« .

C’est le 30 mars 1979 que le siège de Renaître est transféré au 17 de la rue Ferdinand.
L’association compte alors une dizaine de salariés

Mais en avril / mai de la même année, une crise secoue l’équipe qui aboutit à la démission du Président et du Directeur.

A l’automne 1979 Barthélemy Bayon, qui fut Directeur de la Sauvegarde de l’Enfance est recruté comme Directeur de l’association. Il réorganise, apaise, et négocie une augmentation du prix de journée.

Ce nouveau directeur jouit d’une solide expérience dans le secteur social. Il est diplômé et reconnu tant par les institutions que par le tissu associatif local. Il va s’attacher à réorganiser, apaiser et mettre en place les conditions financières propres à assurer la viabilité de Renaître.
On peut penser que c’est avec lui que la professionnalisation du personnel et la reconnaissance de Renaître par les partenaires institutionnels et associatifs du secteur se soient véritablement engagés.

Un nouveau Président est également élu par le Conseil d’Administration, Mr LAURENT André. Arrivent alors aussi des administrateurs dont le profil est plus directement en lien avec le secteur social et l’expertise dont l’association a besoin ( magistrat – avocat – responsable Caisse Allocation familiale – Assistantes sociales du Comité de probation, directeur d’association (André Merley) …).

Le 24 aout de cette même année, un arrêté préfectoral autorise l’association à recevoir dans son foyer de reclassement, « 30 adultes et mineurs de plus de 18 ans, de sexe masculin, anciens malades ou ex-détenus ou vagabonds reclassables en vue d’assurer leur réadaptation sociale »

Un ancien directeur de la mission locale nous dit comment Renaître était alors perçu :

Très tôt j’ai connu Renaître car Barthélémy Bayon, directeur, était au CA de la Mission Locale. On était entouré de foyers : Foyer de l’Enfance, Foyer Bel Air, Foyer Renaître, qui était considéré comme le foyer des sortants de prison.
(…) A l’époque d’ailleurs les relations étaient simples avec les directeurs des associations. C’est d’abord entre éducs qu’on parlait des places disponibles, avant que ça passe par les directions.
Renaître n’était pas encore très professionnalisé. C’était une époque où certains résistaient à passer le diplôme. Mais face à des populations difficiles, les volontaires ne couraient pas les rues. ».

Renaître est alors dans une étape de « professionnalisation ». Des questions sont débattues autour de la formation du personnel et des partenariats se construisent avec diverses structures (maison d’arrêt, secteur psychiatrique et association Rimbaud notamment).

La DDASS est alors drastique sur la durée maximum de 6 mois d’hébergement. Mr Bayon fait le constat (déjà à l’époque) que beaucoup d’hommes accueillis sont d’anciens pupilles de l’ASE et que ce temps est bien court pour leur permettre de sortir de leurs difficultés.

En 1979, les statistiques font apparaitre que l’association a hébergé au cours de l’année 19 sortants de prison, 90 SDF et 10 sortants d’hospitalisation (principalement en sortie de soins psychiatriques) se situant dans une tranche d’âge de 18/30 ans.
Les hébergés sont occupés par des activités culturelles ou sportives organisées par le foyer mais la plupart occupent un emploi.
Afin de répondre à des besoins repérés, une antenne de Renaître est installée à Firminy pour l’accueil de jeunes (18/25 ans) dans l’errance.

Dans le même temps des appartements sont loués sur le quartier de Montreynaud afin d’augmenter les capacités d’hébergement.

Mais l’action sociale, qui reposait principalement depuis la Libération sur une logique « réparatrice », visant à pallier des carences en matière de solidarités familiales, va connaitre des évolutions majeures au tournant des années 1980, sous l’effet du choc pétrolier de 1974 et de la crise économique qui en a résulté.

Face à la crise de l’emploi qui sévit, l’action sociale va en effet évoluer vers une logique « d’insertion » qui va viser à mettre en place des structures destinées à soutenir le retour à l’emploi des personnes qui en sont privées.

Dans cette période une mobilisation massive des médias alertait l’opinion sur le phénomène dit de « nouvelle pauvreté » qui qualifiait la fragilisation de nombre de nos concitoyens peu armés face aux mutations économiques, sociales et technologiques.

L’Abbé Pierre revenait au-devant de la scène pour dénoncer l’ampleur du phénomène, le Réseau des Banques Alimentaires voient le jour en 1984 et l’humoriste Coluche initie les Restos du Cœur en 1985.

En 1983, cinq associations créent ensemble Renaître Innovation, structure de formation dont Renaître est le support administratif.

Divers chantiers de travail sont organisés sous la responsabilité du chef du service technique.

Barthélémy Bayon, directeur, prend sa retraite en 1985, mais demeure en qualité de Président. Le Chef de service, Abdallah Aït Oumhrar devient directeur en 1986.

Une évolution de politique sociale apparait dans le compte-rendu du CA de septembre 1986 :  » les foyers doivent être réservés aux gens très déstructurés, les autres personnes doivent être capables de vivre en appartement.

Début 1988 la situation financière très difficile impose une réorganisation du foyer, notamment une nouvelle grille horaire des salariés.

André MERLEY, directeur de l’AGASEF prend le relai au niveau de la présidence. Son action reposera sur sa conviction qu’une insertion réussie doit reposer sur le tryptique :

  • ce que je veux faire
  • ce que je peux faire
  • ce que l’environnement me permet de faire

et il n’aura de cesse d’affirmer qu’« à public défavorisé doivent être déployés des moyens de qualité ».


Dans cette période foisonnante en matière de politiques publiques de lutte contre la précarité, que ce soit autour de l’insertion professionnelle, de la formation ou du logement des évolutions significatives vont marquer la vie de l’association.

En 1989, Renaître dispose de trois services d’hébergement : un foyer de 30 places et 4 appartements sociaux de 12 places au total (l’ensemble constituant le CHRS), et un service de suite en diffus de 20 places.

Le nouveau directeur se montre très préoccupé par les questions concernant l’insertion des personnes, l’ouverture du foyer sur l’extérieur et la professionnalisation. Il apporte ainsi quelques précisions quant aux évolutions qu’il a initiées :

« Pour ce qui est des personnels, on a recruté des Éducateurs Spécialisés, des Moniteurs Educateurs, des Conseillères en Économie Sociale et Familiale, en visant davantage de mixité. On a travaillé avec des médecins bénévoles, en lien avec l’hôpital de Saint-Jean-Bonnefonds dont l’équipe psy était assez ouverte, avec l’hôpital Bellevue.
Pour les familles en errance, les familles désocialisées, on avait une vingtaine de logements. Les Roms, quant à eux, squattaient plutôt, ils demandaient beaucoup moins d’hébergement. Mais le phénomène n’était pas encore aussi développé.
Au niveau du CA, les personnes étaient présentes, impliquées, sincères. (…)
Au niveau association, il n’y avait pas de difficulté particulière. Elle a toujours réussi à avancer, à progresser, avec un tissu associatif important autour d’elle. » .

Renaître Innovation poursuit son développement pour partie comme organisme de formation à destination de publics très éloignés de l’emploi, pour l’autre au titre de chantiers d’insertion. L’équilibre budgétaire n’est toutefois pas toujours réalisé.

Dans ce mouvement, l’adhésion de l’association à la FNARS est actée et Renaître obtient tout à la fois l’agrément pour inscrire son action dans le cadre du dispositif RMI et dans les tous premiers dispositifs d’accompagnement vers le logement.

En 1994 le CHRS redéfinit son projet : « assurer le gîte et le couvert à des personnes en difficulté mais être également un lieu d’information, d’orientation et d’intervention sociale ».

Les statuts de l’association sont modifiés, l’objet est toujours de :

 » créer, organiser, aménager et gérer des centres d’hébergement en vue de recevoir toutes personnes en difficulté sociale ou en danger physique et moral »
et il est ajouté
« en ce sens elle se conforme à la réglementation en vigueur concernant les organismes œuvrant dans le champ de l’insertion et notamment par le logement, l’association conduit toutes actions d’ordre économique, social ou de formation et peut créer toutes structures qui lui permettent de remplir sa mission. »


L’année 1995 est celle de l’ouverture, dans le cadre du Samu Social, de l’accueil de jour La Fontaine. Il y est proposé à toutes personnes en situation de grande précarité un accueil inconditionnel pour se poser autour d’un petit-déjeuner, la possibilité d’ accéder à une douche, être renseignée ou orientée (recherche de logement, aide administrative).

Dès la première année, la fréquentation est jugée importante et le besoin de réaménagement de l’espace comme celui d’un poste d’assistante sociale est assez vite évoqué.

Sur le modèle du Samu Social initié cette même année par Xavier Emmanuelli, Secrétaire d’Etat à l’action humanitaire d’urgence, Renaître aura aussi en 1998 à assurer la mise en place de l’équipe mobile de rue dont le but est d’aller à la rencontre des personnes qui dans la rue paraissent en détresse physique et sociale.

Renaître assure désormais aussi la gestion du numéro vert 115 pour les sans-abri.

Le tout premier éducateur dédié à ce qui s’apparente à un Samu Social avant l’heure témoigne :

En 95/96, avec la Directrice de l’ASAS et une sociologue on avait conduit une recherche action « vivre sans domicile fixe à St-Etienne », cela m’avait permis de créer des liens avec une vingtaine d’associations pour savoir ce qu’ils faisaient et comment ils intervenaient auprès des personnes SDF de St-Etienne (…)
Cela a abouti à la création de logements d’urgence et à la mise en place de lits de repos gérés par l’ASAS puis Xavier Emmanuelli a créé le Samu Social…
J’ai passé 12 ans avec l’équipe mobile de rue. Je n’ai pas voulu utiliser le terme maraude comme à Paris, il s’agissait d’abord pour moi d’aller au devant des gens.

Sept logements sont mobilisés pour de l’hébergement d’urgence temporaire ; sous-location et baux glissants sont mis en place pour les familles en difficulté, etc.

A l’occasion de la coupe du monde de football de 1998, Renaître Innovation crée l’opération « Coup Franc » qui accompagne des actions d’insertion professionnelle de jeunes dans le cadre de cette manifestation.

Parallèlement à l’activité proprement dite, le chantier de réhabilitation du CHRS devient effectif.
Pour un montant de près de 5 millions de francs, le nouveau bâtiment de 30 chambres sur trois étages est inauguré le 19 octobre 1999.


L’arrivée de migrants et de réfugiés à Renaître date du milieu des années 90. Le phénomène a pris une ampleur beaucoup plus aiguë au milieu des années 2000.

Notre ancien président Bernard Russier garde l’image forte de ce Noël de Renaître où il a vu pour la première fois des enfants :

C’est impressionnant ! C’est là qu’on voit que l’inégalité des chances est parfois criante.

Et quand Il évoque les personnes « mises à l’abri » :

En hiver, dans les Algéco… D’ailleurs ça n’est pas le pire mais répéter ça tout l’hiver… J’ai honte !

Et puis il y a eu la politique d’hébergement en chambre d’hôtel

Ca a été le rush jusqu’en 2012, on a accueilli jusqu’à 600 personnes.

Jean-François Meunier, Directeur de 2004 à 2008, explique :

La période que j’ai connue a été une période de profonde mutation pour Renaître. Elle correspond à l’arrivée massive de demandeurs d’asile dans le département : réfugiés du Kosovo, Roms, personnes d’Afrique francophone, de Tchétchénie, etc.
Les dispositifs mis en place étaient précaires comme les nuits d’hôtel.
L’idée qui prévalait était de gérer les flux en attendant que la demande d’asile soit instruite. Mais les procédures étaient longues, les femmes faisaient des enfants, les gens avaient des problèmes de santé. Le flux journalier à l’accueil de jour de La Fontaine était considérable, de plus nous gérions la domiciliation des Demandeurs d’Asile.

Pour ce qui concerne les politiques publiques, c’était une période durant laquelle des décisions ont été prises et des réponses ont été construites sans réelle visibilité. On bossait comme des funambules. A la demande de la Préfecture, on nous demandait de prendre en charge et à nous de nous débrouiller…

Lors d’une AG, le directeur de la DDASS est venu et a dit à l’assemblée: « Monsieur Meunier et moi, on est deux trapézistes, l’un compte sur l’autre pour le rattraper ».

Renaître a cependant gardé une capacité à innover par rapport aux besoins des publics. En collaboration avec l’Entraide Pierre Valdo, on a mis en place une Permanence d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (PADA), avec deux travailleurs sociaux et une secrétaire, et grâce à un cofinancement Etat-Europe.

Renaître a aussi été porteur du Service d’Accueil et d’Orientation (ancien SIAO) qui a été un véritable sas d’expertise en matière d’analyse des besoins »

La fermeture du service Renaître Innovation est intervenu au tout début de 2009. Quinze personnes ont été licenciées et cet évènement a laissé une cicatrice difficile à refermer au sein de Renaître.

Jean-François Meunier s’en explique :

Pour ce qui est de Renaître Innovation, la grande difficulté a été la mise en place par l’État, d’un système de marchés publics. Comme nous accueillions des publics très en difficulté, nous étions auparavant davantage rémunérés. C’est ce qui a conduit à la fermeture de ce service.

De 2010 à 2015, Renaître porte le SIAO. En mars 2011 est crée le Groupement de Coopération Social (GCS) et Médico-Social (GCMS) dont tous les principaux acteurs ligériens deviendront progressivement membres.

En 2014, la séparation juridique est actée. Le SIAO prend son autonomie sous la forme d’un groupement de coopération. Des travaux sont réalisés à l’accueil de jour afin d’améliorer l’accueil des usagers, toujours plus nombreux.

Entre 2005 et 2015, 3 directeurs se succéderont.


Renaître poursuit sa mobilisation autour de l’accueil des migrants et du développement de nouveaux services dans le cadre de la politique du Logement d’abord.

En 2015, Philippe Rayé rejoint l’association en tant que nouveau Directeur. Avec la Présidente Joëlle Perroux et malgré une période marquée par 2 années de crise avec l’épidémie COVID, ils redonneront un nouveau souffle à l’association.

Entre 2017 et 2022, l’association va créer plusieurs nouveaux services et les effectifs croitront considérablement passant d’environ 40 à plus de 70.

Pendant cette période, l’impact des trajectoires migratoires et de l’augmentation constante du nombre de familles en situation de précarité amènent les pouvoirs publics à développer le recours à l’hébergement d’urgence et à spécialiser l’accompagnement social.
Renaître est ainsi régulièrement sollicité par l’Etat pour contribuer à cet accueil et développer de nouveaux services.

Fin 2019, un service de 80 places d’Hébergement d’Urgence pour Demandeur d’Asile (HUDA) en logement diffus se met en place progressivement jusqu’en 2022. Renaître prend toute sa place dans le dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile en lien avec l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration).

En aout 2020, Renaître répond à un appel à projet de l’Etat pour la création d’une résidence d’hébergement d’urgence dans les locaux de l’ancienne Résidence universitaire de la Cotonne à Saint-Etienne qui vient de fermer.
Le bâtiment restera propriété de l’Etat mais l’accompagnement social devra être fait par une association telle que la nôtre.

En novembre 2021, notre association est retenue et la structure sera baptisée par le Conseil d’administration « Résidence Violette Maurice«  en hommage à la résistante, poétesse et écrivaine Stéphanoise.
Il s’agira pour le directeur et son équipe d’un gros défi logistique pour la mise en place du service. Les premiers usagers arriveront en en février 2021 et la résidence montera en capacité jusqu’au début de l’année 2023 ou elle accueille désormais 180 personnes hébergées avec des vulnérabilités fortes mises à l’abris au titre de l’hébergement d’urgence.
Près d’une vingtaine de salariés rejoindront ce nouveau service. Les usagers accueillis sont pour beaucoup des familles, apportant à cette résidence une ambiance très familiale avec notamment de nombreux enfants.
Pour la première fois dans l’association, des bénévoles apportent directement un soutien dans le quotidien des familles avec la mise en place de cours de Français.

Durant cette période, l’association doit aussi jongler à plusieurs reprises entre les injonctions contradictoires des politiques publiques et rappeler régulièrement le caractère inconditionnel de l’hébergement d’urgence, en accueillant toute personnes en situation de vulnérabilité, quelque soit son statut administratif.
Dans ce contexte mouvant, l’hébergement hôtelier continue d’accueillir des usagers à un niveau particulièrement élevée, en particulier pendant la période du COVID.

Parallèlement, une nouvelle philosophie d’intervention privilégiant l’accès immédiat à un logement permanent, sans préalable est porté par les pouvoirs publics : le Logement d’abord.
Le dispositif « Un Chez Soi d’Abord » (UCSA) est ouvert en 2020 par notre association, en partenariat avec l’association Rimbaud, l’association ACARS, l’équipe mobile précarité du CHU et la DIHAL.
27 places sont créées à destination des personnes sans logement et porteuses de troubles psychiques sévères. Ce dispositif sera porté à 55 places en 2021 et un GSCMS porté par les 4 acteurs sera ensuite constitué à cette occasion. Le dispositif deviendra autonome en terme de direction.

Au-delà de la création de l’UCSA, L’association expérimente l’appropriation de l’approche « rétablissement » au sein de plusieurs de ses services et développe les dispositifs portés par la philosophie du logement d’abord : ainsi le service d’intermédiation locative (IML) se développe allant jusqu’à 44 places fin 2022, et ce dispositif sera étendu cette même année de 50 places supplémentaires temporaires pour accueillir les déplacés de la guerre en Ukraine. De même depuis 2021, l’association expérimente quelques places de CHRS dite « hors les murs » (dans ce dispositif l’accompagnement social est aussi intensif que dans du CHRS « classique », mais les personnes sont locataires de leur logement et non pas « hébergées »).

Fin 2021, un nouveau président est élu : Daniel Imbert-Magand, et un nouveau directeur prendra la suite de Philippe Rayé parti en retraite.
L’association se dote d’une charte des valeurs qui proclame son attachement à la devise de la République française : liberté égalité et fraternité et revendique aussi les valeurs ou objectifs suivants : Le respect absolu de la personne, la laïcité, la loyauté, l’économie sociale et solidaire, la transparence, le dialogue, le modèle social, la participation.
Les statuts seront aussi rénovés en 2022. Renaître garde son statut associatif et le mode de gouvernance traditionnel mais les nouveaux statuts cherchent à se rapprocher de ceux d’une association d’utilité publique en s’inspirant des statuts types délibérés par le Conseil d’Etat le 28 avril 2020 sans pour autant aller jusqu’à la reconnaissance officielle. Est mis en avant en avant la qualité d’association d’intérêt général (activité non lucrative, but philanthropique, gestion désintéressée) soulignant la particularité de notre association et permettant le cas échéant de recevoir des dons et de délivrer des reçus fiscaux.
Enfin, la même année un nouveau projet associatif est rédigé autours de 3 priorités fortes :
Permettre une plus grande participation et un développement du pouvoir d’agir des personnes accompagnées
Conduire une politique sociale bienveillante et ambitieuse
S’engager dans une perspective de développement durable
En déclinaison de ce projet associatif, découlera un projet stratégique pour l’ensemble de l’association et des projets de services qui devraient aboutir en fin d’année 2023.
Le conseil d’administration compte fin 2023 14 membres.